mercredi 23 juillet 2014

La PMA nous change-elle vraiment ? ma réponse

Pour faire suite à la très bonne question de Loosequeen sur son blog (et à son très bon article aussi qui pousse finalement à poser ses propres mots...)


a priori, quand j'ai lu sa question sur son blog, ma réponse, d'entrée de jeu était oui...oui la pma change tout...


6 ans et 3 mois entre l'arrêt de ma pilule et la naissance de mon Muffin... Avec un tel chiffre, dire que la PMA ne change rien c'est faire la politique de l'autruche ;
il a fallu se battre pour "l'avoir"... donner de sa jeunesse, de son temps, de ses vacances, de son corps, de son amour, de son couple... on y a laissé notre insouciance liée à la procréation... non, il ne suffit pas de passer une nuit lovée dans les bras de son conjoint et de pisser 15 jours plus tard sur un bâton pour avec un miracle... (enfin une grossesse pour le commun des mortels) ;
des absences au km au boulot, pour une écho, une course au traitement, une virée à l'hôpital... des arrêts maladie liés à un kyste, des opérations... un frigo ressemblant plus à une annexe de la pharmacie de quartier qu'à un emplacement pour denrées périssables...
6 ans et quasiment autant de temps pour les questions "et alors le bébé, c'est pour quand" ; "quand est que vous nous faites un petit ?"... "bonne année et un bébé surtout"... puis le silence, le tabou, finalement aussi lourdingue que les questions à la noix.... les femmes de votre entourage qui tombent enceinte comme vous vous allez faire vos prises de sang ou vous mettre à poil chez le gynéco (facilement et sans peur)...

Et puis un jour le miracle.... oui le miracle... si puissant, si fragile, et pourtant si espéré... les angoisses indescriptibles, les 9 mois de peur (de le perdre, de la prématurité - mais finalement pas de l'accouchement ! qui marque le commencement de ce dont j'ai toujours rêvé- je parle pour moi hein) ;
La PMA rôde toujours dans l'esprit... mais les petits pleurs miraculeux de la naissance l'étouffent....

Joie, bonheur... et angoisses de la maternité (logique)... certes à jamais pmette sauvée, mais maman, le plus simplement du monde ; une mère comme il en devient des milliers d'autres chaque jour ; pas moins bonne ou meilleure pour autant.... car un enfant reste un enfant... avec ses besoins primitifs de nouveau-né, ses ennuis de nouveau-né et ses progrès, ses évolutions...

Je pleure peut être un peu plus de bonheur et de nostalgie à chaque étape... (j'ai la larme de bonheur facile avec mon fils !) qu'une maman non pmette... je le mitraille peut-être un peu plus en photos (il a déjà à 8 mois 3 albums... de photos développées....), je choisis peut être plus consciencieusement ses jouets en essayant de dénicher des choses moins banales.... mais finalement tout cela n'est pas dû à la pma, enfin je ne crois pas, mais à mon caractère... je suis une grande nostalgique des époques révolues.... j'ai toujours aimé immortaliser certains moments clef et j'adore fouiner sur le net pour trouver la merveille du moment....

En revanche, le côté précieux de mon enfant, les pensées quand je le cajole "tu reviens de loin", "tu es enfin si réel" "tu es vraiment là et je n'ose y croire encore".... me hantent tout le temps ; je n'arrive pas à faire de lui un membre de la famille "banal" comme si c'était logique qu'il soit là... ce côté miraculeux est toujours là dans nos esprits, à son père et moi-même.... la question de la séparation en est tout aussi difficile voire insurmontable... (incapacité à ne pas donner le biberon, à le confier...).... cette peur non maîtrisable de ne pas en profiter, de manquer quelque chose.... ce besoin de le sniffer dans le coup, de le respirer.... cette difficulté à admettre qu'il m'échappe à chaque nouvelle étape... prendre chaque évolution comme "la dernière"...non je ne connaitrais plus jamais ça....ni avec lui ni avec un autre enfant car rien ne présage qu'il y en aura un autre... je vis, nous vivons, dans l'unicité de chaque instant... involontairement car tout ceci n'est pas par choix ; la vie nous l'impose.

Je n'ose pas en le regardant, me projeter l'image de mon fils dans le rôle de grand frère... je n'ose pas ... car je sais que le parcours va de nouveau être semé d'embuches... que non rien ne va être facile et que l'échec est potentiellement là ;  là où les plus chanceux de la nature n'ont pas à faire de choix -ayant même parfois le luxe de "programmer" l'arrivée du futur enfant, il nous faudra de nouveau choisir entre vacances à 3 ou vacances pma pour un hypothétique bb2, profiter de notre fils ou courir derrière un espoir sans certitude d'être exaucé...

La pma ne nous change peut être pas intrinsèquement, elle provoque pourtant de grandes béances incomprises (même par les meilleures volontés du monde) et une certaine fragilité maternelle....

Mon miracle a eu lieu, mais j'en veux encore moi des miracles...

8 commentaires:

  1. "e côté miraculeux est toujours là dans nos esprits, à son père et moi-même.... la question de la séparation en est tout aussi difficile voire insurmontable... (incapacité à ne pas donner le biberon, à le confier...).... cette peur non maîtrisable de ne pas en profiter, de manquer quelque chose.... ce besoin de le sniffer dans le coup, de le respirer.... cette difficulté à admettre qu'il m'échappe à chaque nouvelle étape... prendre chaque évolution comme "la dernière"...non je ne connaitrais plus jamais ça....ni avec lui ni avec un autre enfant car rien ne présage qu'il y en aura un autre... je vis, nous vivons, dans l'unicité de chaque instant... involontairement car tout ceci n'est pas par choix ; la vie nous l'impose."

    C'est ça, c'est exactement ça. Tu as ouvert mon cerveau et mon coeur et tu as lu dedans n'est-ce pas? Avoue!

    Ton message de réponse me bouleverse vraiment. Tu as une plume magnifique que je découvre avec un immense plaisir.

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  2. merci bcp pour tes compliments....

    tu vois même si la pma ne nous change pas forcément (et surtout totalement)... elle a des pouvoirs magiques : celui de nous apporter la joie de devenir parents (si si, on y croit le lus possible et pour le plus grand nombre) et celui de lire dans les pensées d'une autre pmette !!! eh ! c'est déjà pas si mal !!!!!

    Plus "sérieusement" : comme quoi, le fait d'avoir un enfant ne nous guérit pas.... mais alors pas du tout...

    A bientôt !

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  3. Ce que tu écris est magnifique.
    Non on n'oublie pas la pma, je dirai plutôt qu'on oublie pas le mal d'enfant.
    La grand mère de mon chéri a mis huit ans à avoir son deuxième enfant (mon beau père) (à ce temps là la pma ça n'existait pas, fallait attendre) et quand elle m'en parle je sens encore toute la souffrance que ça a été, souffrance que je connais bien. Et puis quand elle parle des annonces de grossesse qui font du mal, des gens qui font des réflexions et de la relation particulière qu'elle a eu avec cet enfant... on a deux générations d'écart mais on se comprend si bien...
    Le mal d'enfant nous marque jusqu'à la fin de nos jours.

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    1. tu as des propos très justes également.... oui je le pense aussi que cela reste jusqu'à la fin de notre vie, malgré la chance que l'on peut avoir de donner tôt ou tard la vie...

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  4. Bon moi je porte réclamation hein!! Car je ne suis pas une pmette ( je suis du côté obscur de la force ) et je suis pourtant nostalgique à chaque étape, je les mitraille en photo, je les couvre d'amour et de jouets et de patience et encore d'amour!!
    Alors hein attention la cerise, sinon je vais te croquer le noyau ;))))
    Comme tu le dis je pense qu'il s'agit là plus d'un tempérament que d'un véritable parcours.
    Puis moi je sais que tu l'auras ton deuxième et peut-être même le troisième !! Ouiii souviens-toi j'ai la côte avec la cigogne ;-)
    Bisous ma belle

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    1. la cote sans accent c'est mieux!

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    2. merci de faire mon avocat devant mme Cigogne lol !!!! mais toi tu es exceptionnelle comme femme et maman !!!! non laisse mon noyau sinon je vais me sentir nue !

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  5. Je ne sais pas si c'est la PMA (au sens traitements et toutes les conséquences physiques et "organisationnelles") qui nous marque vraiment... je dirais plutôt que c'est l'accumulation des échecs quand les autres réussissent presqu'en claquant des doigts, le manque d'enfant, et la peur que ça ne (re)marche jamais... Enfin, en tout cas, pour moi, je crois que c'est ça, parce que je crois que je suis déjà (pourtant "que" 6 mois et demi après mon accouchement) prête à subir à nouveau la PMA, alors que je ne me sens pas "prête" à revivre le chagrin de l'échec...

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